Trois grains de poussière
révèlent les secrets d'un astéroïde
https://www.tvanouvelles.ca/2023/01/23/trois-grains-de-poussiere-revelent-les-secrets-dun-asteroide
Agence
France-Presse Publié le 23 janvier
2023
Les
grains sont minuscules, plus petits que l'épaisseur d'un cheveu, mais ils
gardent l'histoire, en milliards d'années, des secrets d'un astéroïde.
Les trois
particules de l'astéroïde Itokawa ont révélé que le type de ce corps spatial
est beaucoup plus ancien qu'imaginé, et beaucoup plus dur.
Ceci
impliquerait de réviser les plans prévus pour éviter une collision avec la
Terre, selon une étude parue lundi dans la revue Proceedings de
l'Académie nationale américaine des sciences.
Les trois
échantillons ont été récupérés en 2005 de l'astéroïde, alors qu'il croisait la
Terre à quelque 300 millions de kilomètres. La sonde spatiale japonaise
Hayabusa a mis cinq ans pour les ramener sur la planète bleue, avec des
centaines d'autres particules d'Itokawa.
Fred
Jourdan, professeur au Collège de sciences de la Terre et planétaires de
l'Université australienne Curtin, a cherché à connaître l'âge d'Itokawa, un
genre d'astéroïde dit à «agglomérat lâche».
Il
résulte de l'assemblage des fragments d'un astéroïde monolithe qui a été
pulvérisé par un choc.
Les
astéroïdes monolithes sont réputés avoir une durée de vie de quelques centaines
de millions d'années, et être progressivement érodés par les collisions avec
d'autres astéroïdes.
L'astéroïde
à agglomérat lâche, comme Itokawa, a une structure bien différente, avec un
assemblage hétéroclite de roches, poussière, graviers, et même de vide,
maintenus ensemble par un simple effet de gravitation.
«C'est
comme un coussin géant de l'espace, et les coussins sont bons pour absorber les
chocs», remarque le scientifique Fred Jourdan.
Pour
savoir à quel point, l'équipe a analysé la structure cristalline des
échantillons, à la recherche des déformations de l'impact qui a créé Itokawa,
et les a aussi datés.
La conclusion
est qu'Itokawa s'est formé après une collision survenue il y au moins 4,2
milliards d'années, presque l'âge de la Terre (4,5 milliards d'années), mais
surtout dix fois plus que l'âge des astéroïdes monolithes de dimension
similaire.
Un âge si
vénérable, que Fred Jourdan est «convaincu» que certains de ses collègues «ne
vont pas le croire».
La
résilience de ce type d'objets spatiaux aux collisions est telle qu'ils
devraient être beaucoup plus nombreux qu'imaginés auparavant, selon l'étude.
Elle permettrait
d'adapter les façons de se prémunir d'une collision de la Terre par ce genre
d'astéroïde, relève le géochimiste.
L'expérience
DART de détournement de trajectoire d'un astéroïde, menée avec succès l'an
dernier par la Nasa, montre que c'est possible avec un objet comme Itokawa,
toujours selon le scientifique. Mais il faudrait pour cela lui appliquer une
force beaucoup plus grande, par exemple avec une tête nucléaire, pour que
«l'onde de choc fasse dévier l'astéroïde de sa course».